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Le blog de beninpresse

La revue de presse en ligne des journaux du Bénin

Rencontres tous azimuts avec les jeunes : Foires de vente d’illusions

madougourékyathLa jeunesse a été fortement sollicitée ces derniers jours par le chantre de la refondation et ses valets. De réunions en causeries, les jeunes avides d’un avenir meilleur ont été traînés de la présidence au hall des arts. Paroles mielleuses assorties de promesses mirifiques, telles sont les conclusions de ces assises.

« Aujourd’hui plus qu’hier, je suis tout à fait déterminé à satisfaire au mieux les attentes des jeunes et des femmes à travers la promotion de l’emploi des jeunes, leur insertion professionnelle et leur autonomisation ». Ainsi s’exprimait le chef de l’Etat lors de son adresse à la nation à l’occasion de la célébration de la fête nationale, le 31 juillet dernier. Et comme pour joindre le geste à la parole, quelques jours plus tard, soit le 26 août dernier, il recevait en audience au palais de la marina plusieurs délégations d’associations et mouvements de jeunes. L’objectif de cette rencontre est tout simple. Rendre compte aux jeunes de la participation du Bénin au 17ème Sommet de l’Union Africaine à Malabo ainsi qu’au Dialogue de Haut Niveau des Nations Unies sur la jeunesse à New-York. Au terme de cet entretien, trois mesures phares ont été initiées : l’institution du Corps national des jeunes volontaires pour le développement, l’organisation d’un dialogue national avec la jeunesse en vue d’aboutir à l’adoption d’un pacte de la jeunesse et la dynamisation de l’entreprenariat des jeunes, notamment de l’entreprenariat agricole. Quelques jours plus tard, ses ministres reviennent à la charge au hall des arts par le biais d’une discussion avec les jeunes. Déjà au cours du premier quinquennat dédié au changement, deux grandes rencontres avaient réuni les jeunes sous l’égide de Boni Yayi. Il s’agit du forum national sur l’emploi des jeunes  qui s’est déroulé en mars 2007 et du forum national des jeunes du Bénin qui s’est tenu en mai 2009. Comme d’habitude, à toutes ces manifestations, de beaux discours ont été lus, les jeunes tout naïfs, s’y sont rendus massivement et au bout du rouleau, rien. Une fois les rideaux tombés, les projecteurs éteints, ils reviennent à l’amère réalité, celle du chômage, de la désillusion, de la faim.

Les tendances mondiales sur l’emploi publiées en 2006 par le bureau international du travail  ont révélé que les jeunes sans emplois représentent 45% des chômeurs recensés dans le monde. 85% d’entre eux vivent dans les pays en voie de développement et souvent dans des conditions d’extrême pauvreté et d’exclusion sociale. Selon Gilbert HOUNGBO, Directeur du bureau régional Afrique au programme des nations unies pour le développement (PNUD), « il a été prouvé qu’en leur offrant des opportunités, ils pouvaient être des innovateurs, de grands travailleurs, des entrepreneurs créatifs et des consommateurs appréciés. Forts de leur enthousiasme et dynamisme, ils seront des acteurs importants du développement économique et social ».

En lieu et place d’actions concrètes, bien pensées et orientées vers le plus grand nombre, les jeunes du Bénin ont droit de la part de leurs gouvernants à des promesses, du leurre et rien d’autre. Bien entendu, les structures sous tutelle du ministère de la promotion de l’emploi des jeunes telles le fonds national pour la promotion de l’emploi des jeunes (Fnpej) et l’agence nationale pour la promotion de l’emploi (Anpe) ne restent pas bras croisés. Il y a tellement à faire que les impacts de leurs actions tardent à se faire ressentir. Il faut attaquer le problème à la base. Ceci passe par l’orientation des élèves dès le premier cycle du collège afin que très tôt ils construisent petit à petit leur avenir. La question de la formation demeure également. L’Etat à lui seul ne peut accueillir le flux d’élèves et d’étudiants. D’où la nécessité d’accompagner sérieusement les centres de formation privés qui pour l’instant n’assument pas convenablement leur mission. 

Jeunesse rime non seulement avec éducation et emploi mais aussi avec loisirs et sport. Or, les centres ludiques se font tellement rares que les quelques uns qui existent ne servent presque à rien. De plus, les infrastructures sportives font cruellement défaut. La jeunesse avide de dynamisme manque de tout pour s’exprimer. La ruée vers les interdits est alors de mise et ceci conduit au développement d’activités prohibées ou de survie avec comme conséquence l’augmentation de l’insécurité.Toujours selon l’expert du PNUD, « les jeunes recherchant actuellement un emploi ont 2 à 3 fois moins de chance d’en trouver que ceux des générations précédentes ». Il y a donc du boulot. Halte aux discours pompeux et aux rencontres spectacles ! Place à l’action salvatrice pour sauver cette jeunesse désespérée prête à tout pour s’exprimer et se réaliser.


Moïse DOSSOUMOU

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